J’en veux au monde entier :
Le divorce, quelle invention !
Chacun reprend ses billes
Et l’enfant, garçon ou fille,
Est sujet des manipulations.
Comportons-nous en adultes, dirons nous tous.
Nous sommes nous jamais comportés ainsi ? Qu’est-ce qu’être adulte ?
J’en veux aux éducations que nous avons tous reçues : être adulte c’est ne pas pleurer, c’est être fort, c’est prendre des décisions, c’est assumer ses décisions, c’est être tempéré, bla bla bla
J’en veux au système procédurier français, qui a fait des procédures de divorce des promesses impossibles à tenir : tant que les hommes et les femmes auront leur égo et leur instinct de survie, aucun divorce ne pourra être véritablement à l’amiable. Il y en aura toujours un qui souffre. C’est déjà un de trop. Nous avons divorcé d'un commun accord mais il était plus d'accord que moi.
J’en veux aux gens en général, de se compliquer la vie, j’en veux au bonheur de se cacher
Pourquoi la vie est-elle si compliquée ? Le bonheur, il suffit de le cueillir, encore faut il le voir. Encore faut-il ne pas se voiler la face : les femmes et les hommes sont faits pour avoir des enfants ensembles. Je ne suis pas certaine qu’ils soient faits pour vivre ensembles, surtout quand on regarde l’évolution de la condition féminine et celle que la condition masculine n’a pas eue.
J’en veux à Napoléon d’avoir inventé une institution utilisée à mauvais escient : maintenant, tout est sujet à divorce. La combativité, qui connaît ? L’amour, qui connaît ? Celui qui fait qu’on se bat à deux contre le monde entier ????? Trop facile maintenant, chacun reprend ses billes et va jouer dans une autre cour.
J’en veux à mon ex-mari
Pour avoir voulu me discréditer, pour m’avoir fait mal, pour m’avoir traînée plus bas que terre, pour m’avoir fait venir, pour ne pas avoir tenu bon, pour ne pas y avoir cru, pour m’avoir jugée avant de me donner la moindre chance, pour m’avoir traitée comme une enfant que je ne suis pas, pour ne pas avoir cru en notre famille. Je lui en veux de ne pas avoir cherché à résoudre les problèmes de fond, pour avoir fait la sourde oreille, pour n’avoir tout fait qu’à sa tête. Je lui en veux de ne pas avoir vu les changements qui s’opéraient en moi, de ne pas avoir cherché à comprendre, de ne s’être jamais mis à ma place. Je lui en veux de m’en vouloir.
J’en veux à sa famille pour m’avoir rejetée, pour m’avoir vite oubliée, pour ne pas m’avoir appelée. Je leur en veux de ne pas avoir raisonné mon mari, je leur en veux de ne pas se mettre à ma place. Je ne souhaite à personne de vivre ce que je vis. Etre traitée de la sorte, je ne le souhaite pas à mon pire ennemi. Mais je connais ma conscience, je sais que j’ai tout mis en œuvre pour rendre mon mari heureux. Je m’y suis mal prise, je n’ai jamais rien fait sans autre intention que de l’aider.
Puissent-ils ne jamais se rendre compte de la petitesse d’esprit dont ils ont fait part. Puissent-ils ne jamais se rendre compte de leur méchanceté inconsciente. Je leur en veux de ne pas avoir été ma famille. Mais ils ne pouvaient pas, j’étais une étrangère, si éloignée de leur façon de vivre, si éloignée de leur petit quotidien de bas débat.
Je m’en veux à moi
Pour avoir décelé les fourberies de scapin et avoir eu la naïveté de croire que jamais ce scapin là ne s’en prendrait à moi. Je m’en veux de m’être trompée, je m’en veux d’avoir voulu aider un mur, je m’en veux de m’être crue suffisamment forte pour supporter un poids familial qui n’est pas le mien.
Je m’en veux de n’avoir pas vu mon mari se détacher de moi, je m’en veux d’être tombée en dépression. Je m’en veux d’avoir parlé à mon mari, je m’en veux de m’être confiée, de m’être livrée, de lui avoir dit et montré mes faiblesses. Je m’en veux de ne pas avoir fait semblant de temps en temps, de ne pas avoir tu mes regrets. Je m’en veux de ne pas m’être contentée de la médiocrité de son amour.
Je m'en veux de ma naîveté, de ma confiance première, de ma faiblesse.
J’en veux à ma famille
D’être aussi loin de moi, de ne pas avoir compris ce que je traversais, de n’avoir rien fait, de ne pas avoir intégré mon mari dans leur vie. Je leur en veux de ne pas lui avoir donné l’envie de les rejoindre. Je leur en veux de m’avoir traitée de la sorte devant lui, comme une enfant qu’on punit. Comment pouvait-il ne pas me traiter en enfant après cela ?
J’en veux à ma famille de ne pas m’avoir soutenue comme je l'aurais voulu
J’en veux aux hommes de leur éducation, j’en veux aux femmes de maintenir des différences sexuées dans l’éducation de leurs enfants, j'en veux aux femmes de laisser leurs filles croire au prince charmant, j'en veux aux hommes de se croire tout puissants, j'en veux aux hommes de leur suffisance excessive, je leur en veux de ne pas savoir écouter, et j'en veux aux femmes de trop réfléchir et de parler, j'en veux aux hommes d'être si suffisants qu'il faille passer par des chemins détournés être entendues.... j'en veux aux hommes pour leur fausse suprématie tacitement universelle et si injustifiée
J’en veux à mes amis
De ne pas comprendre, de ne pas retenir, d’écouter d’une oreille. Je leur en veux de leurs conseils si bien avisés alors qu’ils n’ont pas idée de ce que je traverse.
J’en veux aux gens qui se croient intelligents de nous dire des paroles de "allez, resaississez vous", "tournez la page"au moindre murmure, à la moindre rumeur. J’en veux aux gens de se mêler de ce qui ne les regarde pas, je leur en veux de me dire ce que j’ai à faire
J’en veux à mon thérapeute qui veut me faire prendre conscience de choses que je ne veux pas voir et qui me bouscule alors que je veux ruminer et ruminer
J’en veux à mon avocate qui n’a pas de baguette magique. J’en veux au juge qui n’a pas compris le nœud du problème, au juge pour qui je n’ai pas pensé à l’intérêt de mon enfant, alors que je n’en dors pas la nuit… J’en veux au système judiciaire français, qui génère des incompétents notoires, balbutiants et incapables de synthèse, ne pèsent pas le sens des mots, le sens des affaires pour tout un chacun.
J’en veux au monde entier au final
Et cela m’avance à quoi maintenant que j’ai dit que j’en voulais à tout ce monde là ?
A rien. J’en suis toujours au même point, la situation est la même que tout à l’heure. Je fais quoi maintenant que je sais à qui j’en veux ?