Mon fils grandit. C'est lui qui m'a dit hier soir: "maman, n'oublie pas, je suis dans ton petit coeur, et tu es dans mon petit coeur. Je reviens bientôt, ne t'inquiète pas".
J'ai eu du mal à retenir l'eau qui me montait aux yeux. Peut-être a-t-il senti que j'étais triste de rester seule, sans lui. Peut-être a-t-il senti ma détresse quand il s'en va. Je me suis vite vite occupée dès qu'il est parti, de manière à n'avoir pas le temps de penser. Ma salle de bains est briquée comme un sou neuf. Youpi, vive la vie.
Puis j'ai pris un somnifère pour m'endormir. Aucun effet!!!!!
Je n'en revenais pas. Je me suis couchée très tard, sans trop savoir ce que j'ai fait au bout du compte: vaguement mis en place une machine à laver le linge, à moitié vidé la vaisselle, bu une bière, joué sur internet, regardé d'un oeil le festival de Cannes, regarder mon téléphone qui ne sonnait définitivement pas.
J'ai horreur de regarder mon téléphone qui ne sonne jamais. Où les seuls textos que je reçois sont ceux de mon opérateur ou des boutiques de fringues qui m'invitent à des promotions.
J'aimerais revenir au temps où mon mari et moi nous envoyions des textos tous les jours, revenir au temps où un homme pense à moi et me le fait savoir, au temps où mes copines et moi avions des vies parallèles et plein de choses à se raconter. Moi je n'ai rien à raconter, je deviens inintéressante. Mon seul sujet de conversation: mon fils. Puisque je ne me sens plus le droit de parler de ma solitude, plus le droit de parler de mon divorce, de mon ex-mari (que j'appelle toujours mon mari d'ailleurs. On ne peut pas se défaire d'habitudes si vite, même si 2 années ont passé). Je ne me sens pas le droit de me plaindre. Je suis au moins dans le petit coeur de mon fils, c'est déjà merveilleux.
Alors pourquoi j'ai encore envie de pleurer quand j'écris ces phrases?
Il est des jours où tout revient. Et plus particulièrement à l'approche des vacances. Mon fils n'a jamais eu la chance de passer des vacances avec sa maman et son papa réunis; de vraies vacances en famille. Je rêve de ça. Autant pour lui que pour moi d'ailleurs. J'ai même prié St Antoine de Padoue. Si, si!
Et quand tout revient, je n'ai envie de voir personne, je n'ai rien envie de faire. J'ai envie d'appeler mon fils mais j'évite car je sais que ma voix peut faillir à n'importe quel moment. Mon amour, quand tu liras ces lignes plus tard, tu comprendras pourquoi parfois maman appelle tous les jours, et pourquoi parfois maman préfère appeler un jour sur 2 quand tu n'es pas avec moi...
Quand tout revient, j'ai juste envie d'effacer ces 2 dernières années et de dire à mon mari: allez, on recommence à zéro, c'est possible.
Il me prend de temps en temps ce spleen à ne surtout pas dire aux autres, à ne surtout pas le dire à lui.
Pourquoi? Pour m'entendre des choses qui me feront davantage mal de la part de mon mari, pardon, ex-mari: c'est terminé, Erin, depuis tout ce temps, tu n'as toujours pas compris?
Pourquoi? Pour m'entendre des "tu n'es pas guérie", "as tu revu ton psy", "mais enfin Erin, sois raisonnable, tu ne crois pas que si vous aviez du vous retrouver, cela se serait déjà fait avant, non?"
Alors non merci, je ne dirai rien. J'écris juste. Et je pleure. ça au moins, personne ne peut me l'enlever.
Erin