Si j'avais été un homme, on aurait dit à ma femme de ne pas dramatiser, que personne n'est mort, que c'est pas la fin du monde, et est-ce que tu l'aimes? Oui? alors, où est le problème?
Et ma femme aurait fini par agir avec son coeur.
Car je l'ai fait, moi., j'ai mis un galet sur mon coeur à l'époque... pour qu'au final, ce soit lui qui me quitte une année plus tard. mais passons.
C'est juste que j'ai un peu l'impression que l'égo masculin (oui, je sais, je reviens encore avec mon histoire d'égo masculin) ne passe rien. Sans vouloir faire une généralité, je n'ai pas connu assez d'hommes dans ma vie pour faire des généralités. Mais quand même...
Je me suis toujours dit qu'il fallait ménager l'égo de ces messieurs. Alors que l'égo de mesdames, bof, les dames, elles s'en remettent. Ben oui, les dames pleurent pour n'importe quoi. Et quand on leur dit: arrête de pleurer, c'est rien, y'a pas de raison de pleurer. Elles arrêtent. ou elles pleurent en cachette, toutes seules. Parce qu'on leur a nié leur égo. Si elles pleurent, c'est que ce n'est pas rien. Je dis ça, je dis rien.
Et de fil en aiguille, l'ego feminin, on l'oublie. Ben oui, leur égo, c'est du pipi de chat. Les hommes ont tellement de choses plus graves à gérer dans leur égo... On leur en fait voir de toutes les couleurs, c'est normal. Ben oui.
Nous, on se sent blessées pour n'importe quoi, donc on n'y fait plus attention. Nous, on n'a pas le droit de dire "telle parole m'a blessée". Bah, ce n'est qu'une parole. Pas le droit non plus de dire qu'on ne se sent pas aimée ou soutenue. Bah quoi? Bien sur que si je t'aime et je te soutiens. Comment? Ben je te dis que tu es belle et je t'écoute. Ah pardon, oui, c'est vrai, tu m'écoutes. En faisant 36 choses en même temps, en regardant telle prise électrique, en machinant ci ou ça. ça, ça s'appelle écouter. Par contre, lorsque tu regardes la télé, tu ne l'écoutes pas, je suppose, puisque tu ne fais rien d'autre que regarder la télé. Quand tu t'adonnes à ta passion, tu es à fond. Quand tu m'écoutes, tu fais autre chose. Je ne dois pas avoir la même notion d'écoute que toi.
Mais oui, on se sent blessée pour n'importe quoi. Une parole et hop on croit qu'on ne nous aime plus.
On ne doit pas parler le même langage de l'amour, les hommes et les femmes.
Y'en a bien qui se comprennent, eux. Comment font-ils? Ils doivent être bien conseillés. Ou ils ont l'un et l'autre travaillé à la communication entre eux. Ils ont l'un et l'autre appris à écouter pour de vrai, à mettre de côté leurs égos. Et à ne pas prendre tout contre eux. A entendre l'autre dans sa blessure. Et à ne pas minimiser une blessure, quelle qu'en soit la nature. Car à mon avis, il n'y a pas de degré dans les blessures. Surtout que nous avons tous nos blessures de l'enfance. Nous sommes tous des petits garçons et des petites filles qui ont eu mal un jour et n'ont pas compris pourquoi.
j'ai vu le petit copain de mon fils pleurer au judo aujourd'hui, quand je suis allée les chercher. Et le prof lui a dit: allez Harry, t'es pas un bébé, arrête de pleurer. Et Harry continuait à pleurer. Allez Harry, stop maintenant. Le pauvre Harry, s'est arrêté de pleurer. Mais je le voyais mal, mal, mal. Continuer le combat en reniflant. J'avais envie d'une seule chose: aller sur le tatami et le prendre dans mes bras. Je ne sais pas ce que le pauvre petit Harry a pu penser dans son petit coeur....C'est avec des comportements comme ça qu'on en fait des blessés de la vie. ça + ça + ça + ça + ça, etc. Oui, c'est comme ça qu'on grandit. ben voyons!!! Oui, bien sûr. En n'autorisant pas nos enfants à dire qu'ils ont mal? Et surtout pas les garçons. En les dressant? Eh, oh!!!!! Le seul moyen qu'ils ont est de pleurer. Et on les fait taire????
Mais arrêtons le massacre!!!
ça fait des adultes blessés qui se blessent mutuellement. Oui, j'en suis persuadée.
Le prof a fait au mieux, je ne le blame pas. Mais pauvre petit Harry. Car je sais que sa maman relativisera les choses et lui dira: tu es un grand maintenant, il ne faut plus pleurer.
Quelle connerie!!!!
Et c'est à mon avis pour ça que les égos réagissent différemment. Parce que chacun a cherché à trouver un moyen de survivre depuis tout petit à des non considérations de blessures. Et quand on grandit, les cicatrices grattent. L'un ne comprend pas que l'autre ne survive pas à un truc si banal. Et l'autre ne comprend pas qu'on ne comprenne pas qu'on ne survit pas à un truc si important.
Toujours est-il que si la situation avait été inversée, tout le monde, je dis bien tout le monde m'aurait dit: allez, Erin, ne dramatise pas pour si peu. Personne n'est mort. Et à lui, on lui aurait dit: elle s'en remettra, si elle t'aime, elle reviendra.
Qui a dit qu'il y avait une échelle de blessures? Moi je dis que non.
Ben non, je ne suis pas d'accord. Si telle action ou non action, telle parole m'a blessée, c'est que ça m'a fait mal. Et c'est tout. Et ça marche dans les deux sens. J'ai blessé, c'est vrai. mais - et sans vouloir me dédouaner - on blesse quand on se se blessé. On rend comme on peut, on se défend comme on peut. C'est une question de survie. Qu'on soit un homme ou une femme.
Je commence tout juste à comprendre les défenses des hommes. Et je relativise, je m'apaise dans mes enflammements avec des réflexions et des lectures. Et la prière aussi. Une prière à ma manière mais une prière quand même.
Mais existe-t-il cet homme qui ait compris les défenses des femmes?
Erin