J’ai 35 ans. Un enfant de 2 ans. Un ex mari de 47 ans. Deux ex-beaux-enfants de 18 et 16 ans. Un ex-appartement avec une ex-terrasse. J’ai une ex-renault espace, un ex-bateau et une ex-table de séjour familiale. J’ai aussi une grande ex-belle famille. J’ai même un ex-ex-mari-de-mon-ex-belle-sœur. J’ai une ex-vie. J’ai vécu une ex-histoire d’amour, une de ces histoires comme on en lit dans les contes de fées. Et des souvenirs.
Je me suis un temps habituée à décliner tout ce qui est ex-quelque chose dans ma tête.
J’ai quitté mon pays pour rejoindre mon ex-mari et mes ex-beaux enfants. Je ne connaissais personne en arrivant dans mon ex-ville. Mon ex-mari était fou de moi, j’étais folle de lui. L’amour avec un grand A, celui qui nous transporte et nous fait déplacer des montagnes, décrocher la lune. Une amie chère m’a dit un jour, à un moment de grande remise en question : « Erin, tu lui as décroché la lune, tu ne te rends pas compte ». La phrase était restée dans un petit coin de ma tête, elle n’attendait qu’à ressurgir au moment opportun pour moi. Aujourd’hui je peux dire qu’elle avait raison.
Mon histoire en a fait rêver plus d’une, je le sais. Les attentions délicates de mon ex-mari également. Il était mon prince charmant. Et je sais qu’il était convoité. Objectivement, mon ex-mari plaisait. Je ne dis pas cela parce que je l’aimais. Aujourd’hui, après le temps qui a fait son œuvre, je ne peux pas lui enlever cette qualité, il est charmant. Agréable à regarder également. Mais c’est le terme charmant que je retiendrais pour son côté conte de fée et pour l’hypnose qu’il peut réellement exercer sans faire d’effort particulier.
Nous formions un ex-beau couple tous les deux, comme tout jeune couple amoureux transis, et comme tout jeune couple nous nous disions « ce ne sera pas nous ». En particulier parce que mon ex-mari avait déjà vécu un divorce et savait la douleur de briser une famille. Il se disait prêt à vivre une vraie vie d’amour, prêt à aimer et à être aimé pour de vrai.
-« Tu m’aimes jusqu’où? demandait l’un
- Je t’aime jusqu’au fin fond de l’univers et même jusqu’à San Francisco », répondait l’autre
Nous n’avons pas eu besoin d’aller si loin…
J’ai tout quitté pour que nous puissions vivre notre amour sans que cela nuise à sa relation avec ses enfants. J’ai découvert bien vite à quel point sa relation avec ses enfants était, sans qu’il se l’avoue, et sans que j’aie jamais pu le lui dire, un pare-feu très pratique mais aussi un bel étendard aux yeux de tous.
J’étais jeune, amoureuse et certaine de la force de notre relation. J’étais sûre de nous. Persuadée que l’amour résolvait tout, j’étais prête à parcourir le monde entier pour passer ma vie à ses côtés, bâtir la famille que mon cœur attendait en secret. Pour moi en amour, on pouvait tout se dire, pour moi, l’amour aidait le couple, guidait les discussions, apportait les arguments, portait les projets communs, tout ceci dans le respect mutuel. L’amour pouvait tout…c’est tout juste si l’amour n’en était pas arrivé à faire aussi les tâches ménagères…une sorte de concept à tout faire… Pauvre amour, il avait beaucoup de poids à porter avec la charge que je lui donnais à transporter !!!!
Aujourd’hui je vois l’amour tel que je l’ai vécu comme un athlète qui veut soulever des poids de plus en plus lourds sans échauffement, sans entraînement, sans muscle. Et en plus un amour-enfant, qui n’a pas encore son corps d’adulte, un amour nymphe coincé dans sa chrysalide.
Le pauvre amour, il n'a pas pu porter à bout de bras toutes les difficultés qu'il était sensé résoudre dans un couple. Il ne suffit pas d'aimer, j'en suis certaine maintenant. Mais je suis aussi certaine d'une chose: il faut avant tout aimer pour que la relation ait une chance d'être belle. Notre relation n'était pas si belle, l'histoire en revanche l'était. Nous nous aimions, nous nous sommes aimés dans une belle histoire. La relation sera pour une prochaine fois, qui sait?