Il faut savoir dire au revoir aux amis, à une période, à des gens qui ne te rappellent pas une période glorieuse de ta vie, à un amour vieux qui prend de la place sur une étagère de vie. Il faut faire de la place pour ce qui vient.
Sinon, rien ne vient.
J'ai fait ça cette semaine. Ce qui venait à moi jusqu'ici, même le bon, je n'étais pas en capacité de l'accueillir. Et pour cause, je n'avais pas nettoyé mon étagère, je n'avais rien jeté. Du reste, cette l'étagère me plaît elle encore? Je n'en suis plus très sûre... Donc les cadeaux de la vie n'avaient pas de place à coté de mes vieilleries de souvenirs poussiéreux. Accompagnés d'amis associés à ces vieilleries.
Je fais de la place et cela commence par dire au revoir. Mais vraiment. La personne ne s'en est pas rendue compte. Et les autres qui suivront peut-être non plus. Mais c'est bien un au revoir. Pas avec une soirée d'adieu mais tout en silence. Juste quelques mots basiques pour éviter les regrets. On ne se refait pas...
Et voilà...
je suis passée à autre chose. Elle ou lui est resté.e peut-être dans un ancien schéma, un ancien contrat avec moi, que je ressortirai lorsque nous nous reverrons. Ou pas. Parce que je n'aurai pas gardé le contrat en tête. Si construire une relation nouvelle est possible un jour. Si les deux ne restent pas sur un vieux contrat obsolète jauni que plus personne ne peut lire et dont plus personne ne veut. Alors là oui. Sinon, aucun intérêt. L'au revoir se transforme en adieu, lorsqu'on veut du neuf. Et on ne fait pas du neuf n'importe comment avec n'importe quoi.
J'ai bien essayé de faire une belle déco en forme de palettes recyclées un jour. Je ne suis pas une spécialiste et le truc s'est transformé en jardinière pour un balcon. Il faut bien reconnaitre que tout le monde n'est pas artiste décorateur d'intérieur. C'est pareil dans la vie. Tout le monde ne peut pas recycler une relation, de quelqu'ordre qu'elle soit. Et c'est assez normal; qui a testé le renouveau pour de vrai dans une relation? Et surtout tout seul? c'est impossible, ça se transforme au mieux en truc pour le balcon, au pire ça part à la poubelle. Si un tiers n'apporte pas une aide experte, je doute serieusement du recyclage des relations lorsqu'on n'est pas 2 experts es recyclage relationnel. ça, c'est dit.
J'accepte donc cet état de fait. Et je préfère dire au revoir. Et si on ne se revoit pas, je n'aurais pas de regret ou de pincement au coeur, normalement, car j'ai décidé que j'en avais fini. Ce que l'autre ressent ne m'appartient pas, et ne m'a jamais appartenu, ce que l'autre pense encore moins. Et je n'ai aucune prise sur ce qu'il ou elle va croire, mais surtout, je n'ai aucun intérêt à savoir pourquoi il ou elle estime qu'on s'éloigne, qu'il ne vaut mieux pas qu'on se revoie, qu'il ou elle a d'autres centres d'intérêt, ou que sais-je encore. Cela reviendrait à faire le tour d'un truc sur son étagère sans jamais l'épousseter et s'étonner de la poussière qui s'amoncelle sur l'objet. En fait, cela ne m'intéresse pas. je n'ai pas d'explication à donner donc l'autre non plus n'a rien à expliquer. C'est tout. Il croit ce qu'il veut en vérité cela m'est bien égal et n'a pas de prise sur moi, à partir du moment où j'ai décidé.
Alors, c'est ça, décider?
Oui, c'est bien ça, décider. une fois qu'un objet est sorti de l'étagère, on peut le chercher un peu des yeux un moment, on peut se souvenir qu'un jour on a eu un truc qui ressemblait à cet autre truc mais en plus grand-petit-bleu-jaune-vivant-bruyant-brillant-etc. mais il est rare qu'on en ait réellement besoin encore. Combien de fois me suis-je dit "ah zut, ce truc m'aurait bien servi"? certainement des centaines de fois. Combien de fois suis-je allé récupérer le truc jeté? Jamais. J'ai acheté une meilleure version du truc, je me suis débrouillée autrement, j'ai fait avec les moyens du bord, j'ai peut-être carrément racheté le même en changeant la couleur, mais réutilisé un truc jeté? Jamais. Et combien de fois le truc jeté est-il revenu tout seul sur l'étagère? Jamais. Parce que les trucs ne reviennent jamais tout seul hanter une étagère. On n'est pas dans un feuilleton qui s'appelerait "Ghost on the shelve" non plus.
Decider c'est donc choisir ce qui reste sur l'étagère, laisser la place pour avoir un champ des possibles ouvert pour décorer son étagère comme on en a envie. Et je ne veux clairement plus de tristesse sur mon étagère. J'ai suffisamment eu à faire à elle. On me traitera d'égoïste peut-être lorsque je refuserai d'apporter mon aide et mon énergie. Mais moi je sais ce que j'ai oeuvré avant pour tristesse. Je n'en veux plus, car je ne suis plus en capacité d'accepter une étagère pleine de tristesse chez moi. Je ne suis plus en capacité de voir une étagère pleine de tristesse chez moi. Comme les vegans et la viande, je deviens sadnessless. ok, ce sera la super mode d'accepter ses émotions bientôt. Mais désolée les amis, moi j'ai passé la période pour ma part, j'ai suffisamment accepté mes émotions pour pouvoir choisir les émotions dont je ne veux plus. Pour ceux ou celles que j'ai aidés, tant mieux, pour ceux ou celles qui m'ont aidée, tant mieux aussi, car je n'oublie jamais ceux qui ont été là pour moi. Mais maintenant, ôter la tristesse sans contrepartie énergétique me fatigue. Je veux consacrer mon énergie à mon étagère. Dépoussiérer celle des autres ne me convient plus. D'autres dépoussiéreurs feront le nécessaire. ET tant mieux s'ils le font mieux que moi. Et tant mieux si cela permet à tout le monde de prendre conscience des émotions pour mieux les libérer. Tant mieux si les zones d'ombre ne sont plus mises de côté pour tout le monde. Je lis des choses sur l'acceptation des parts d'ombre que j'aurais pu écrire il y a 10 ans. Et c'est très mode aujourd'hui. Tant mieux. Mais je ne veux pas rester dans ce machin où je tournerai en rond parce qu'on me confirme que j'ai raison et me gargariser d'avoir eu raison. Et puis quoi? ça m'apporte quoi? Rien en vérité. Donc que chacun fasse son chemin, le mien n'est plus dans l'éveil des émotions des autres, ni le besoin de reconnaissance des miennes.
Je n'ai pas besoin qu'on me dise un jour "Erin, tu avais raison"; chacun fait son chemin et avoir raison n'a jamais été mon but, quoi que certains aient pu penser. Il ne sert à rien d'avoir raison trop tôt. Mais si j'ai pu ouvrir une brêche, alors c'est une bonne chose. Je sais que je ne suis pas une dirigeante du monde qui va l'emmener au pays de "J'ai raison".
Je ne sais pas bien où va mon besoin encore. Mais ce qui est certain, c'est que j'ai décidé que je dépoussiérais mon étagère. Et il était temps.
Et je sais que ce qui vient est bien.
C'est le moment.
Erin pour mezetadam
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