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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 13:01

Laissez-moi un peu vous raconter une journée parmi d’autres, en toute transparence, si je reste seule avec moi-même et ma grande amie Dépression :

 

Le réveil sonne, je l’entends, je le laisse sonner, la sonnerie ne me dérange même pas : elle me réveille mais je ne prends même pas la peine de me retourner pour actionner le bouton repéter ou silence. Je ne me rendors pas, je ne bouge pas, je ne fais rien, je ne pense pas.

La sonnerie retentit à nouveau. Ah, tiens, le réveil sonne. Et ainsi de suite. J’attends le dernier moment pour me lever.

Je me dirige vers la cuisine et me demande ce que je fais là. J’ouvre les placards, à la recherche de ce que je ne sais pas, prends un fruit, laisse le noyau sur la table et retourne au lit.

Je me rendors, le téléphone sonne ; je ne réponds pas. Après une demi-heure ou une heure de sommeil, je me dis : prends toi en mains, lève-toi et fais le ménage.

Je me lève et d’un pas décidé, je vide mon armoire sur mon lit. Je garde ces vêtements pour telle copine, ceux-là iront bien à unetelle, et ceux-là, ce sera pour la petite fille de machine, ceux là je les donne à la croix rouge. Ah je n’ai pas de sac pour les ranger. Forte de ma résolution, je m’empresse d’aller chercher un rouleau de sacs poubelles. Quand je m’aperçois que je n’avais pas étendu le linge de la veille. Ce n’est pas grave, je vais vite l’étendre et ce sera une bonne chose de faite. Sitôt dit, sitôt fait. Mais quel intérêt de sortir l’étendage pour le ranger ensuite ? J’étends mon linge là où je peux et c’est très bien comme cela.

 

Retour à la cuisine où la vaisselle s’est amoncelée dans l’évier. Mais pour la laver, il faut sortir la vaisselle propre du lave-vaisselle. Je commence. Il n’y a pas de place sur la table pour ranger les assiettes propres et pas de place sur l’égouttoir pour ranger les assiettes qui ne sont pas encore sèches. Là je me dis : soit tu fais autre chose, soit tu ranges. J’opte pour l’autre chose.

L’autre chose est de prendre une douche. Mais finalement, je préfère nettoyer la salle de bains avant de prendre ma douche. Bon, je retourne à la cuisine chercher le savon de marseille, le vinaigre et le bicarbonate de soude. Pfff me dis-je la cuisine est dans un état pitoyable. Il faudra que je range la cuisine.

Avec mes produits et mes gants, j’entreprends de nettoyer la salle de bains. Je vide le panier à linge et me décide de l’emmener à la machine à laver le linge, se trouvant dans la cuisine. Vous me suivez ? Parce que moi déjà je commence à ne plus me suivre.

Je mets en route une machine pour mon linge sale.

 

Puis je me rends compte que j’ai un peu le tournis et décide de me préparer quelque chose à grignoter. Sur une table pleine de vaisselle propre qui n’est pas encore rangée dans les placards, avec un noyau d’abricot, je pose une tartine, un yaourt et un fruit. Le téléphone sonne. Cette fois je réponds. Et discute dans le salon de oui je vais bien, mon fils me manque mais je gère et cela me fait du bien d’être un peu toute seule, ah tu as fait ci, j’en suis ravie pour toi et ta fille a eu son bac. Quelle bonne nouvelle, il va falloir fêter cela. Oui oui il fait beau ici. Oui oui je pars en vacances bientôt. Et toi ? ah oui. Ah la la ça doit pas être facile. Bien sûr. D’accord. Et ta voisine, elle va bien ? Ben dis donc, je suis étonnée. Bon, ça arrive. Moi ? Oh oui, tu sais, c’est du passé tout ca. C’est super que tu aies appelé. Oui, génial. Bonne idée. Là je n’ai pas mon agenda mais on se rappelle. A Plus.

Une demi-heure est passée et voilà que j’ai sommeil.

 

J’entre dans ma chambre, dont le lit est jonché de vêtements à trier. Je pleure devant la montagne qui m’empêche de dormir. Et je sais que cette montagne n’est pas faite d’amoncellement de vêtement. Mais je pleure et me raidis avec une envie de tout jeter par la fenêtre.

Je pousse tout sur la commode et par terre, me glisse sous ma couette et m’endors.

 

Le début d’après midi, je me réveille doucement, et ne sors pas de mon lit. J’entreprends de regarder les taches du plafond. Les aspérités du mur n’ont aucune cohérence, si j’étais le plâtrier, j’inventerai une autre méthode pour harmoniser les aspérités du mur. Je me dis que c’est important d’avoir un beau plafond. Après tout, personne ne regarde les plafonds. Ils doivent être bien seuls, les pauvres. Un peu comme moi, personne ne sait exactement pourquoi ils sont là, on sait qu’ils servent à quelque chose mais on ne se rend pas compte de quoi, tant ils font partie du décor.

Ne te laisse pas aller à ces réflexions métaphysiques, tu as du pain sur la planche.

 

Je regarde ledit pain. Et décide de ne pas m’en occuper tout de suite, je vais consulter mes messages par mail. Rien, évidemment. Sauf bien sûr les messages que tout le monde attend avec impatience et fébrilité : les offres de decoclico, de vert baudet, de la redoute, de 3 suisses et de petite frimousse en passant par viadeo et les impots. Ma messagerie vocale de portable. Vide. Mes appels en absence : ma sœur. Mais elle travaille je ne la rappelle pas. Autre appel en absence : Didine. Mais elle travaille aussi en ce moment. Je ne la rappelle pas.

Ma boite aux lettres. Rien. Tout au mieux des publicités de pizzas. Je n’aime pas les pizzas.

 

Retour à la cuisine, où m’attendaient un yaourt pas frais, liquéfié, du pain racis maintenant et un verre de jus chauffé par la chaleur ambiante. Pfffffffff

 

Je prends un bol de lait et des céréales, que j’emmène avec moi dans le salon car la cuisine me fait horreur. Je finis mon repas « du midi » dans le salon en tailleur sur le canapé et entreprends d’au moins me brosser les dents. A ce moment là je vois mon visage dans le miroir et je fonds en larmes. Je m’assieds sur le tapis, je me brosse pathétiquement les dents et je regarde mes larmes couler sur le tapis jaune pâle, faisant des petits cercles humides un par un. Je ne sais pas pourquoi je pleure. Je sens les larmes se mêler à mon dentifrice et je crache. Je crache, je tousse, je respire, je frotte, je crache, je tousse. Je ne pleure plus. Le tapis a des petits pois de larmes.

J’appelle mon docteur je ne veux voir personne d’autre qu’elle. Elle me dit de continuer à dormir, s’il le faut, jusqu’à ce que je la voie demain, vu que je ne suis pas venue la voir et que je ne veux pas qu’elle vienne à la maison. J’ai trop honte de l’état de mon appart.

OK, je retourne me coucher mais je sors les poubelles d’abord. Je pshitte d’huiles essentielles. Et je vais sur l’extranet du boulot, pour régler des bricoles. On attend mon aval pour un rapport ou deux et un compte rendu, une décision. Une heure passe ou même deux.

 

Je commence à tourner en rond. Je prends un vague paquet de chips et du chocolat et décide que ce sera mon goûter et mon repas. Les deux goûts mélangés ne me gênent pas, ils sont aussi fades l’un que l’autre.

Je tourne encore en rond un peu, je range 3 jouets de mon fils je vais sur facebook mais pas de message. Je reçois des images cool qui me donnent l’impression de faire quelque chose de ma vie. Je finis mon livre. Qu’est-ce qui m’a pris de lire ce livre ? Il est très bien et donne un sacré message d’espoir. Mais il ne m’a pas plus inspirée que les trois derniers autres que je viens de finir. Je lis, je lis beaucoup. Ça m’occupe. Et je me rendors.

Lorsqu’on vient me voir, je me dois de tenir une dignité. Vais-je continuer longtemps à faire comme si tout allait bien ?

 

Je ne suis pas folle, je suis une personne normale qui a besoin qu’on l’aime. Pas comme une amie ou comme une maman ou comme une enfant. En quoi est-ce de la folie ?

Cela devrait être interdit d’être malheureux.

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Mes citations au fil des jours

7 juillet 2012: toutes les premières fois dans un changement sont difficiles. Erin

21 mai: personne ne mérite tes larmes; celui qui le mérite ne te fera sûrement pas pleurer (https://www.facebook.com/pages/Chtit-panneaux)

février: former un couple c'est être deux et ne faire qu'un.Mais lequel? (d'un humoriste très célèbre)

26 aout: ce n'est pas que j'aime avoir raison, c'est juste que j'ai vraiment raison! Si tout le monde pense comme cela, qui a tort?
28 juillet: le bonheur est dans le pré, cours-y vite il va filer. Saute par dessus la haie. Paul Fort
27 juillet: dire à ceux qu'on aime qu'on les aime
22 juillet: comment peut-on ne pas sourire devant un enfant?

19 juillet: suis tombé dans la figure à moi - mon fils
18 juillet: j'ai l'impression de faire partie d'un tout. mais lequel?
17 juillet:quand on a touché le fond, il reste le fond de soi à explorer
16 juillet: pffff
15 juillet: je n'ai rien à dire aujourd'hui, non que je ne pense pas, mais plutôt que la pensée va trop vite pour la traduire - Erin
14 juillet: quand tout le monde est parti, il reste les amis - Quelqu'un de bien
13 juillet: La vie est un baiser. Et quel baiser! - Erin

12 juillet: "on ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux" -Saint Exupéry
11 juillet: j'ai découvert une nouvelle addiction: l'écriture - Erin
10 juillet: dors, dors, dors sur tes décisions, ne prend jamais une décision avant d'avoir dormi dessus - Erin
9 juillet: je suis là et bien là - Erin
8 juillet 2011: ça devrait être interdit d'être malheureux - Erin
8 juin2011 : "On a divorcé d'un commun accord, mais tu étais plus d'accord que moi" - un comique dont le nom m'échappe